À mon père

Un quinze août tu vins, on fêtait les Maries
Poix-Terron, les Ardennes, c’est bien ce qu’on m’a dit
Au Liban ou ailleurs te voila dorloté
Quatre frères, une sœur, tu es bien entouré

Une grande maison, Ablon coule la Seine
De la littérature et la vie de bohème
C’est là que tu grandis, Paris c’est dans tes veines
Et c’est là que l’on rit et c’est là que l’on aime

Tu l’aimes ta Pauline, « Allez viens, on s’évade »
Dans cette deux chevaux trimballons la marmaille
Vers le sud, ce midi, où veux-tu que l’on aille ?
C’est au Puy qu’on arrive, celui qui pétarade

Un bâtisseur le Charles, c’était « Monsieur Béton »
Il mène sa famille le dimanche à la mer
Où au retour c’était de biens bons gueuletons
Coulent les jours heureux, coulent la vie d’un père

Le mistral en rafales, les cheminées s’effacent
Tu y es tout le jour à rêver en silence
De vagues, de vent et d’eau, de cette mer immense
Et des tiens qui languissent pour que l’on se prélasse

Saute mon papa saute vers ce quatre cent vingt
D’une belle couleur »pomme », conduis-nous ce machin
« Au fond les gosses et vite et maman avec moi ! »
Tant de froid, des embruns mais la plage on la voit

Tu avances ton fou et là tout devient flou
Te changes en cavalier sur des airs de tango
Et tu mènes la danse, l’on est comme des fous
Un « Roulio », une valse ou bien ce flamenco

Saute mon papa viens dans ce quatre cent vingt
Les clés dans le maillot mais là on s’en fout bien
Buvons un dernier coup, nous t’aimons tant mon père
« Mais là je n’en veux plus, j’met la grand-voile mes chers »

À mon père, parti le 4 mars 2018

 

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